Manuel de Cristallographie
  Chapitre 7
Des oiseaux prennent leur envol, tâches noires sur le ciel bleu, à moins que je n’ai trop longtemps regardé le soleil en laissant mes pensées divaguer, tout doucement apparaître, se teinter de mélancolie, se regrouper en souvenirs, en imagination, et prendre des formes aléatoires qui s’installent en moi, se nourrissent de moi, deviennent plus grosses, plus présentes et plus fortes, obtenant lentement le contrôle par la force, et finalement trop grandes pour continuer à vivre et à se développer dans mon crane, étendent leurs ailes et me quittent au moment où Raphaël commence à parler.
Nous sommes dans le jardin d’une maison que je ne connais pas. Cela fait plusieurs jours que nous y habitons. C’est une demeure à l’ancienne, haute et serrée, située derrière une ligne de chemin de fer, le vent fait s’envoler les pages du livre que Raphaël lit à chaque fois qu’un train passe. Les carreaux sont presque tous cassés, il n’y a qu’un vide manifeste à la place de la serrure et l’herbe mesure plus d’un mètre dans le jardin. Il ne m’a pas expliqué où nous étions. Nous sommes venus, nous avons lu, écouté de la musique et dormis ici. Plus tard, Tristan viendra nous rejoindre pour que Les Narcisses puissent répéter. En réalité, ils répètent très peu souvent, si pas jamais. Ils se contentent simplement d’apprendre ensemble de nouvelles chansons, d’eux ou d’autres, les jouent plusieurs fois de suite, et c’est tout. Ils ne sont que deux dans le groupe, deux instruments et une voix, ils font des concerts quasiment tous les soirs, ils varient leur setlists et leur façon de jouer à chaque fois. Les Narcisses ne répètent pas, ils ne font pas vibrer leurs instruments pour le vide d’une pièce insonorisée, ils sont incapables de rester concentrés deux minutes d’affilés, ils ne savent pas faire semblant et mimer une chanson dans la glace fumée d’une salle de bain. Ou plutôt, ils ne veulent plus, à force de l’avoir trop fait quand ils étaient adolescents. C’est là que les répétitions se sont faites il y a longtemps. Dans la solitude de leurs chambres, la tête contre les posters, les écouteurs vissés sur les oreilles, à danser jusqu’à s’emmêler dans le fil du casque, s’effondrer à terre la tête la première et réveiller tous le voisinage. Désormais, il s’agissait de jouer pour du vrai, de regarder le visage des gens en face de vous, qui vous crachent dessus, qui vous fixent du regard, vous lancent des clins d’œil, fument des joints, se jettent dans les airs, crient vos noms, vous crient d’aller vous faire foutre. Les Narcisses apprenaient sur scène car on n’apprend qu’en vivant, par l’expérience, et sur scène, ils étaient fascinants parce qu’ils étaient en perpétuelle évolution, passant du génie absolu à l’approximatif, accélérant des morceaux, subvertissant certains passages, perdant les pédales, transcendant la situation pour trois minutes seulement, n’y arrivant plus pendant le reste du concert, ne laissant qu’un goût de sang chaud, de vie, au fond de la bouche de leurs auditeurs, jusqu’au lendemain, à l’autre bout de la ville ou du pays, sur un toit ou dans une cave, devant n’importe qui, admirateurs ou étrangers.
Il porte un caleçon de bain 100% acrylique, au motif floral sixties, coloré de vert forêt, de brun et de flammes oranges. Au-dessus, un t-shirt vert où est inscrit à la verticale « The National », et sur sa tête, des grosses lunettes de soleil de motard et des cheveux tendus en l’air par le désordre du gel séché des jours précédents. Nous ne prenons pas de douches dans cette maison sans eau. Aujourd’hui, nous sommes allés acheter des bouteilles d’eau minérale au supermarché discount et pourri à côté de la gare. Il enlève son t-shirt et verse le contenu de plusieurs bouteilles sur lui, au milieu des herbes hautes grouillantes d’insectes gras et bruyants. Son corps entier est rempli de bleus et sur son torse, de longues cicatrices dressent des routes et des allées amenant de ses épaules à son périnée, de ses tétons à son dos. Je ne sens pas ses dents grincer de douleur, pourtant les cicatrices sont encore rouges, couvertes de sang séché qu’il est obligé de frotter pour faire partir. Hier soir, la foule était particulièrement excitée par le concert, c’était une pure cave punk, remplie d’adolescents à crêtes qui dormaient à même la rue, de cranes rasés de près qui sortaient des lycées militaires et de jeunes filles un peu détraquées aux cheveux aussi noirs que leurs yeux. Il avait sauté plusieurs fois dans le public. Ils ne faisaient même pas attention, deux fois même il ne prirent pas la peine de le rattraper et il s’étala sur des pieds et des coups de genoux. C’était leur indifférence qui l’avait excité à son tour. Ils ne jouèrent que des chansons d’une minute et il ne prit sa guitare acoustique que pour sauter dans la fosse, la brandissant comme un parachute, fracassant des cranes avec, tout en laissant croire qu’il jouait, qu’il continuait à être dans un groupe. En réalité, c’était un enfant amusé, il laissait Tristan improviser des rythmes qui lui permettait de ruser, d’étirer ses gestes au maximum, de blesser le public avec sa guitare plutôt qu’avec sa musique. La guitare lui explosa dessus quand un grand garçon un peu trop fort se protégea des coups. La plupart des cicatrices proviennent des cordes qui ont lâché et, hordes de tigres en liberté, lui ont sauté dessus. Sans se sécher, il remet son t-shirt et me dit :
« Ce sont les risques qu’il faut courir. La musique c’est nous, le groupe, c’est nous. Nous n’avons pas de costumes de scène. Nous ne pouvons pas ranger nos instruments le soir et penser : « ça y est, c’est fini, maintenant je vais me reposer et reprendre ma vie normale ». Mon costume, ce sont ces griffures, et crois-moi, elles me font mal. Elles sont le signe de tout ce que j’ai toujours voulu, et elles me brûlent. Mon œuvre, c’est la négation de ce que je suis, avant tout. Quand je vais me coucher, quand je me fous à poil, je porte toujours ce stupide maquillage des Kiss. »
Je le regarde sans rien pouvoir lui dire, comme c’est le cas depuis que nous sommes dans cette maison. Il continue à s’activer et Tristan le rejoint bientôt. La maison le change petit à petit, et quand le groupe répète dans la cave, le son est si parfait de l’extérieur, si également reparti et ouvert, que j’ai l’impression que c’est elle-même qui hurle à travers ses murs borgnes.
 
Comments:
J’ai fait un petit peu le tour de ton blog, il a l’air super intéressant. Je vais m’y installer tranquillement. Je te félicite c’est bien d’avoir fait ce blog

Voyance serieuse
 
Ce blog est si gentil avec moi. Je vais continuer à venir ici encore et encore. Visitez mon lien ainsi.
voyance en direct


good luck
 
Votre blog est une source d’infos, je suis un lecteur assidu et je vous souhaite bonne continuation.

Consultation voyance
 
Je ne vais pas faire dans l’originalité mais votre blog est tellement bien qu’on ne peut rien dire d’autre que MERCI BEAUCOUP !


Voyance gratuite en ligne
 
C'est la quatrième fois que j'ai visité le site et vraiment en profiter. Toujours une histoire intéressante et différents chapitres. J'espère voir plus de la même qualité et je vais continuer à revenir encore et encore.
voyance immediate
 
Toutes mes félicitation et mes courages pour vous à propos de la réalisation incroyable de ce site qui me semble intéressant et riche d'infos.

Voyance sérieuse par telephone
 
J’adore ! Un site sur lequel on ne voit pas le temps passer !!
Merci à vous !

consultation voyance gratuite
 
Merci beaucoup pour ce site et toutes les informations qu’il regorge. Je le trouve très intéressant et je le conseille à tous !
Bonne continuation à vous. Amicalement .

voyance gratuite mail ; voyance gratuite en ligne par mail
 
Merci pour ce très bon site, vraiment un panaché de bonnes et intéressantes idées. Surtout continuez ainsi. Bon courage
Cordialement

voyance gratuite et serieuse ; voyance serieuse gratuite
 
Agréablement surprise par la découverte de votre site si joli et tellement original , tout y est bien conçu et très beau avec beaucoup de choix, c’est une merveille .
 
Franchement vous êtes formidable d'avoir fait un site pareil, vous êtes une personne merveilleuse d'idées et de partages merci beaucoup, j'adore les gens qui veulent partager leurs savoirs et ne pas les garder pour eux même.
 
Merci pour ce très bon site, vraiment un panaché de bonnes et intéressantes idées. Surtout continuez ainsi. Bon courage
Cordialement .
 
J’ai fait un petit peu le tour de ton blog, il a l’air super intéressant. Je vais m’y installer tranquillement.
 
Je trouve ton blog très intéressant, tu donnes d’excellents conseils .
 
Great stuff from this part of the internet. Again, thank you for this blog.
 
Merci beaucoup votre site et vos conseils sont super !
 
J’ai sincèrement apprécié cet article qui apporte une véritable aide.
voyance totalement gratuit
 
Votre travail m’a beaucoup surpris car ça fait longtemps que je n’ai pas trouvé comme ce magnifique partage.

voyance mail gratuit
 
Post a Comment



<< Home
Roman Rock ou l'histoire d'un groupe inconnu vu par les yeux d'un fou, inspiré par The Libertines, Pete Doherty, le jazz new orleans et tout un tas de trucs.



ARCHIVES
Oeuvre Complète /

Lecteurs, pour témoigner de votre sympathie et critiquer, éditeurs, pour me contacter,
Ecrivez-moi
Et visitez mon blog permanent : Beg / Steal / Borrow

Lu et refusé par :

My Photo
Name:
Location: Mulhouse, France


Powered by Blogger hit tracker
Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.
referencement gratuit
référencement gratuit
publicité internet



Référencement gratuit

Annuaire de blogs - Horoscope

Guide Annuaire

Barbeblogs