Manuel de Cristallographie
  Chapitre 10
[Note de Serge Nollens : Que dire de plus ? Encore et encore, la chasse aux fantômes reste de saison. Au sujet de la face B, certains me confronteront sans doute au sujet de son authenticité, mais je jure l’avoir trouvé sur une copie double de papier scolaire lors de mes fouilles secrètes dans les affaires de Raphaël. Je l’ai emprunté le temps de recopier et je ne pense pas que Raphaël s’en soit aperçu.]
Face a
Sur une très vieille mobylette d’un rouge qui partait en miette, Camille Goemans enleva son casque plein de stickers et des restes de colle, sourit à Raphaël, et lui demanda où était le restaurant dans lequel il l’invitait. Raphaël fixait depuis de longues minutes les traces éphémères du trafic routier dans la nuit quand, peu après qu’un bourdonnement sourd n’ait commencé à parasiter son audition, il remarqua une traînée de lumière rouge qui doublait les files et se détachait légèrement du reste des véhicules. De sa conductrice, il nous pouvait distinguer alors que de longues mèches de cheveux qui virevoltaient avec le vent.
Elle portait un jean usé, un t-shirt bleu et blanc surmonté d’une chemise ouverte blanche rayée à motif représentant des insignes royales et des écussons familiaux, et sous son casque, de large lunette de soleil complètement opaque. Il remarqua immédiatement ses bottes de cuir à bouts pointus quand elle descendit de sa mobylette. Prenant une chaîne enroulée autour de l’essieu arrière, elle accrocha son véhicule et son casque à un poteau à même le coin de la rue, sur le trottoir.
Elle lui sourit, la bouche entrouverte, comme si elle attendait qu’il dise quelque chose pour qu’elle puisse y répondre et enfin engager un début de conversation, hésitant, mais existant. C’est là qu’il se souvint de la fleur qu’il avait glissé dans un trou à bouton de sa veste en velours, il la prit entre deux de ses doigts, la sortie délicatement et la tendit à Camille. « C’est un Narcisse. Je sais que c’est complètement ridicule, mais … » elle l’arrêta par un simple « Chuut », murmuré le doigt sur la bouche en plein milieu de la phrase de Raphaël qui aurait pu durer des heures et des heures sur le même registre. Elle enleva et empocha ses lunettes de soleil, révélant ses yeux, rougis et vitreux, sans que Raphaël ne puisse deviner s’il s’agissait d’un élan d’émotion à peine masqué ou des dégâts causés par les lunettes de soleil, sous un casque, en pleine nuit. Quand elle vit que Raphaël fixait le fond de ses yeux, elle détourna le regard, sourit, remercia Raphaël, et l’embrassa sur les joues.
A peine plus tard, dans un restaurant japonais, le serveur les plaça à une table que Raphaël avait réservé à la dernière minute en se réveillant de la soirée de la vieille au cinéma, là où il avait parlé avec Camille. N’émergeant que vers onze heure du matin, toute trace de fièvre avait disparu durant la nuit. Il eut des piques, rêva un long moment d’une déformation de la réalité semblable aux rêves de fièvres, imaginant être déjà au restaurant avec Camille, commandant les plats, riant avec elle, perdant parfois le contrôle, même si tout allait dans le bon sens et qu’à la fin, il l’embrassait. C’était comme si le rêve, plaçant un pari sur la réalité, l’avait guéri de tout ses maux.
« - Je peux te poser une question ? demanda-t-il de l’exacte même façon qu’il l’avait fait précédemment, dans son rêve.
- Evidemment !
- Je voudrai savoir : pourquoi as-tu visité une usine de voiture il y a un peu plus d’une semaine ? Ou d’abord : était-ce bien toi à cette visite de l’usine ?
- J’en ai visité une il y a un peu plus d’une semaine, c’est vrai. Ça devait être moi donc.
- Alors pourquoi est-ce que tu la visitais ?
- Parce que je dois rendre un texte sur la vie industrielle. J’étudie les Lettres à l’Université, je te l’ai déjà dit, non ? Et comme l’office du tourisme organise des visites gratuites de cette usine à peu près tous les mois … L’industrie automobile est très intéressante, c’est celle qui emploie le plus de personnel et elle a des processus de fabrication totalement extraordinaires, tout ça est très charnel, c’est une fusion homme - machine, une histoire d’aliénation dans laquelle on peut se demander qui maîtrise qui ? Qui aliène qui ? Immédiatement, ça m’a rappelé « Crash ». Tu as vu le film ?
- Oui, je l’ai même lu.
- Moi aussi, en version anglaise. Ça faisait parti des « devoirs amusants » que je m’impose pendant les grandes vacances
- Tu as déjà rendu ce texte sur l’usine ?
- Non, il est presque fini par contre. Je crois que je dois le rendre demain après-midi. C’est un texte court. Je ne sais pas si c’est exactement ce qu’a demandé ma prof –ce n’est vraiment pas là l’important- j’en suis assez fier, si fière que je pourrai même te le faire lire quand il sera fini… Mais seulement si tu me révèles la raison ‘secrète’ qui explique que tu saches que j’ai visité cette usine ? Est-ce que tu me suis ? Est-ce que tu me suivais déjà avant cette visite, que tu m’as suivi jusqu’au cinéma et que maintenant tu m’as suivi dans ce restaurant uniquement dans le but de me tuer ?
- Pas uniquement dans ce but là, non. Je vois une poignée d’autres raisons qui me plaisent autant, si pas plus, mais je crains qu’elles ne soient pas toutes à ton goût.
- Vas-y, ne t’en fais pas, j’aime tous les goûts différents, dit-elle en haussant sa voix pour passer par-dessus celles d’une table bruyante à côté d’eux.
- Non en réalité, je travaille dans cette usine. Je me suis retrouvé dans la même visite que toi parce que c’était mon premier jour de travail. Je t’y ai un peu remarqué, parce que je te trouvais mignonne. Normalement ça aurait du s’arrêter là, il n’y avait pas d’autres raisons pour que l’on se recroise. Et là-dessus, quelques jours plus tard, je te croise dans ce cinéma, devant une rediffusion de « La dame au Camélia. ». Parfois il y a des coïncidences qui hurlent plus fort que la raison. Ça, c’en était une.
- Oui je vois. Est-ce que ça te rendrais triste si je t’avouais que je ne t’avais absolument pas remarqué à cette visite de l’usine ?
- Hmm ... Pas triste, non. C’est juste une donnée qui va entrer en jeu quand il va falloir que je décide si je dois t’aimer ou te tuer.
- La décision se prend quand ?
- Quoi ? demanda-t-il, exaspéré par les bruits de leur voisins de table.
- J’ai dit : la décision se prend quand ?
- A la fin de la soirée.
- Alors à moi de faire en sorte que la soirée ne se finisse pas, n’est-ce pas ?
- N’est-ce pas. »
Camille se releva de sa chaise, pour un instant Raphaël crut qu’elle allait partir mais non, elle alla au bar, se pencha par-dessus, demanda quelque chose au serveur en échange de quoi il lui remit deux bâtons bruns. « Ce sont des cigares » déclara-t-elle en revenant, tendant la main pour lui en donner un, en rajoutant « Tu fumes ?». Il répondit non. « C’est pas grave, moi non plus. J’ai pris ceux qui puent le plus, puisqu’on est en fumeur autant faire chier notre monde le plus possible » plaisanta-t-elle. Elle ouvrit le cellophane qui entourait son cigare, arracha une extrémité en y mordant avec vigueur, pinçant d’abord le bout, puis serrant les dents pour le couper, avant de tirer dessus à la manière d’un chien déchirant son jouet favori. Raphaël l’imita, trouvant sa dextérité terriblement sexy. Ils les allumèrent avec les allumettes du restaurant, Camille en frotta une, la tint la tête en bas pour allumer son cigare, recrachant des volutes de fumées brunes, puis avec le feu qui brûlait encore la tête rouge, elle alluma également celui de Raphaël. Aucun d’eux ne toussa et ils se demandèrent en eux-mêmes lequel faisait semblant d’avaler la fumée et lequel avait menti en disant qu’il ne fumait pas. Ils restèrent ainsi se questionnant en silence pendant de longues minutes, savourant leurs cigares, crachant des cheminées de fumée qu’ils dirigeaient inlassablement vers les tables voisines, créant des colonnes horizontales qui donnaient l’impression d’insultes jetées aux visages de leur contemporains. Camille semblait être une experte de ce genre de jeu et à chaque fois qu’elle allait recracher, elle prévenait Raphaël avec un petit bruit poussé la bouche fermée et un petit coup de pied contre sa jambe afin qu’il ne manque rien de la performance qu’elle allait donner.
Les cigares finis, il parlèrent à nouveau, décidant d’ignorer leur voisins. Ils commencèrent à se plaindre de leurs vies respectives, par se demander pourquoi personne ne les comprenait, ils commentèrent le film de la vieille, Camille avait bien sûr lu le roman dans le cadre de ses études, ce qui permit à Raphaël de regretter d’avoir choisi une direction rangée, avoir un vrai métier. Camille répliqua qu’elle voulait devenir écrivain, et que justement, parce que ce n’était pas un vrai métier, elle ne devrait pas faire d’études. Les études, n’importe lesquelles, avaient pour but de transformer les étudiants en travailleurs. Pas pour les rendre plus intelligents, pour ouvrir leurs esprits, leur permettre de réfléchir par eux-mêmes. Les études les rendaient apte au marché du travail. Point. Raphaël lui confessa qu’il avait pour rêve de devenir musicien, quand bien même il n’avait jamais pris de leçon de guitare, c’était ce qu’il voulait faire au fond de lui-même, il le savait bien, il se sentait doué quand il commençait à triturer les cordes en rentrant de l’usine. Mais ces choses s’apprennent à l’école de la vie, et il espérait bien un jour finir par enfin passer en classe supérieure. Camille sortit son portefeuille et lui montra une photo de Leonora Carrington à peine quelques centimètres qu’elle portait toujours avec elle, glissée entre sa carte d’identité et sa monnaie. Ils parlèrent longtemps de la femme de Max Ernst, comment elle était devenue folle durant la guerre et du fait qu’elle avait retrouvé la raison pour se rendre compte que Max était parti avec une autre ; sa passion pour Alice Au Pays des Merveilles et les extraordinaires hasards qui avait fait sa vie se tenir comme le reflet d’un fil dans un miroir. Elle laissa Raphaël payer l’addition, insistant à peine pour participer à sa part. Ils sortirent dans les rues desquelles la fraîcheur de la nuit n’avait pas chassé de nombreux joyeux fêtards qui formaient une longue file en mouvement dont les différents participants avançaient à pas feutrés mais bien décidés à se rendre à un endroit qui semblait tous les attirer. Raphaël n’avait aucune idée de ce qu’ils pouvaient bien fêter. Il allait le demander à Camille quand elle stoppa net, restant sur place, presque tremblante. Elle dit : « Là-bas, dans la vieille voiture jaune, je les connais, fait comme si de rien n’était ». C’était trop tard, ils l’avaient déjà reconnue et se précipitaient, sourire aux lèvres, vers le couple. Raphaël leur fut présenté en tant que simple « ami » de Camille. Ils leur proposèrent de venir avec eux voir un feu d’artifices, c’était là-bas que tous le monde se rendait. Camille et Raphaël échangèrent un regard interrogateur entre eux et il crut bon d’accepter la proposition. Sur le chemin qu’ils empruntèrent, une scission se fit, une du genre dont on ne peut que douter de son caractère involontaire, et Raphaël se retrouva à marcher en compagnie des garçons. Devant eux, il pouvait voir Camille discuter à voix basse avec ses amies et il s’imaginait déjà être le centre de cette conversation. Les garçons eux ne dirent presque rien, ils se contentaient de parler du chemin, de leur soirée, et Raphaël s’obligea à ne pas écouter, à oublier, de peur qu’en réalité les filles parlent de la même chose. Discrètement, il augmenta la cadence de ses pas en espérant que plus en avant, Camille ferait l’inverse afin qu’ils se retrouvent. Finalement, ils furent très vite au bord d’un bassin plein d’eau et de canards, autour duquel avaient été installées des estrades, des échoppes à bière dressées sous des tentes et des guirlandes multicolores. Dans sa totalité, l’endroit ressemblait désormais à une étrange mascarade, les lieux étaient déguisés, tant et si bien qu’il mit plusieurs minutes à reconnaître ce bassin qu’il fréquentait souvent, et tous le temps qu’il put y être en ce soir-là, il n’eut pas moyen de retrouver des souvenirs précis de l’endroit, tout comme, plus tard, il ne pourrait plus y retrouver les sentiments qu’il y avait éprouvé en ce soir masqué. Désormais, le petit groupe éparpillé attendait debout à côté d’une estrade depuis laquelle était diffusée de la musique. Camille prit le bras de Raphaël et se débrouilla pour les isoler du reste du groupe en se collant contre un arbre qui faisait office de carrefour à guirlandes. De cette manière, leurs visages au moins étaient protégés des regards grâce à ces serpents de fête. Entre ses dents, souriante pour la façade, elle lui dit : « J’aurai pu te tuer quand tu as accepté de les suivre. Ce sont des imbéciles.», puis elle se radoucit légèrement, relâchant son emprise sur le bras de Raphaël. Elle finit par avouer « Je ne suis pas certaine que je vais regretter d’être là. Tout dépend de toi », et sur ces mots, la moindre petite lumière s’éteignit à une centaine de mètres à la ronde, commandée par un ordre tacite, par une puissance inconsciente, et le feu d’artifice débuta. Ils ne l’admirèrent pas plus d’une seconde. En secret, ils s’observaient du coin de l’œil, faisant semblant de ne pas se rendre compte que l’autre avait remarqué ces œillades. Autour d’eux également, les amis de Camille leur jetaient des petits regards discrets, autant d’incitation à la transgression, à revendiquer des bêtises de gosses. Raphaël commença par passer sa main dans le dos de Camille, la sentit frissonner, puis il sentit une pression de sa main qui guida la sienne sur ses fesses. Il sentit l’absence de la poche droite de son jean, il imagina le bleu plus foncé qui devait s’y trouver, sentit les coutures qui avaient laissé des trous microscopiques plantés régulièrement à un intervalle de moins d’un millimètre, et il posa son autre main de l’autre côté, obligeant Camille à se tourner de manière à ce qu’ils soient face à face et la voyant ainsi, heureuse, oubliant tous le reste pour ne se concentrer que sur elle, il l’embrassa pendant une longue minute, effaçant le reste, mémoire, lieux, faits, êtres vivants, pour ne plus laisser qu’une page blanche, un crayon, une trace de rouge à lèvre sur le papier à dessin. Ils ne virent ni n’entendirent plus aucun des tirs de feux d’artifices. Plus rien ne comptait et plus encore, plus rien n’existait. Quand ils séparèrent leurs lèvres et leurs paupières, les amis de Camille avaient disparu et la foule commençait déjà à se disperser. Ils s’installèrent dans l’herbe fraîche, presque mouillée, les jambes enroulées les unes autour des autres, s’enserraient de leurs bras allongés. Comment avaient-ils pu oublier ce soir-là toutes les choses qui les terrifiaient, ce poids qui trop souvent les empêchait d’avancer, les forçait à ramper au lieu de se mouvoir, agenouillés à cause du poids de ce caillou qui traînait dans leur cœur ? Ils n’en savaient rien, ils commençaient à peine à se rendre compte de ce qu’ils faisaient, ils n’avaient pas encore assez goûté à cette trahison de leur passé pour investir le domaine des explications, des commentaires et des spéculations qui bientôt occuperaient leurs esprits au moins autant que les souvenirs de ces quelques heures. Leurs lèvres entraient fréquemment en contact pour mieux sentir la tristesse de se quitter, reprendre une respiration normale, inhaler par le nez et sentir cette odeur de brûlé qui flottait dans l’air, celle des explosifs des feux d’artifices ou de la fusion instable de leurs deux âmes ? En cette soirée, sans même oser le faire volontairement, ils avaient dépassés tous leurs tabous : les promesses, les déclaration d’amour à l’emporte à pièce, les confidences honteuses, les mensonges que l’on sait vrais. Plus tard, les amis de Camille réapparurent un à un, se tenant à l’écart du nouveau couple, ne s’approchant de lui que pour leur glisser des banalités. Camille apprit à Raphaël qu’ils avaient prévus de se rendre à une fête. Ça ne serait sans doute pas terrible, mais ils seraient ensemble, au chaud, dans la maison énorme que des parents trop riches et trop confiants avaient laissé à la surveillance de leur étudiant de fils. Elle lui proposa d’y aller ou de faire n’importe quoi d’autre pour attendre que le soleil se lève et que cette soirée là, devenu nuit puis jour à nouveau, continue de la même façon jusqu’à la fin des temps. Raphaël accepta de la suivre.
L’ami de Camille était effectivement riche. La fête se déroulait dans une grande demeure plantée au haut d’une colline, devant la propriété, un parking de luxe avait été improvisé, 4*4, roadster, coupés, cabriolets, y étaient réunis, autant de cibles de choix pour un apprenti vandale qui serait passé par là. Le jardin était déjà rempli d’invités, de saladiers pleins de punch posés à même le sol, de mégots de cigarettes et des cadavres exquis d’invités ayant commencés la soirée un peu trop en avance. Plus tôt, Raphaël s’était cramponné à l’arrière de la mobylette de Camille sur le chemin de la maison et, sans casque sur la tête, le vent, la vitesse, et le vin engrangé au restaurant lui avaient donné un délicieux tournis qui ne le quittait plus. Dans la maison, contrairement à ce qu’aurait laissé croire la cour, il n’y avait aucune animation. A peine un peu de musique en fond sonore, une télévision allumée sur du football dans le salon vide, des bouteilles de vodka presque vides éparpillées, de la lumière dans toutes les pièces et des gens uniquement dans la cuisine. Le long de la baie vitrée qui donnait sur une piscine : un amas de baskets. Et autour de la table, une assemblée de garçons et des filles aux cheveux trempés, en maillots de bain, emmitouflés dans quelques serviettes, mangeaient des chips à même le paquet accompagnées d’autres gâteaux apéritifs et de divers mélanges de bières. Sur leurs doigts, la poussière des chips commençait à sécher en même temps que leur peaux javellisées et produisait un bruit diffus de craquement quand Raphaël leur serrait la main. Rapidement, lui et Camille retournèrent seuls au salon, personne ne semblant vouloir les retenir, trop occupés à discuter ou à jouer au strip-poker. Camille coupa la télévision, tira la table basse, rangea les bouteilles vides, remit le canapé en place, frappa les coussins, et chercha des bouteilles dont le contenu potable pouvait être assuré. Tous les deux, assis, les pieds sur le canapé, une bouteille de vodka se partageant entre leurs doigts enlacés, se donnaient des baisers brûlants et emmêlaient leurs cheveux. A tour de rôle, ils faisaient le tour du salon, rapportant des livres, des dvd’s, des photographies de la famille qui les accueillaient en cette soirée. Ils se moquaient de leurs goûts, de leurs visages, de leur argent. Quand vint le tour de la discographie, Raphaël, montant et descendant désespérément le long de l’étagère, s’exclama : « Pas un seul bon disque. Même pas de quoi trouver ne serait-ce qu’une bonne chanson. ». Camille qui était restée sur le canapé, couchée les genoux recroquevillés sur elle-même, le visage brouillé par ses cheveux qui lui retombaient dessus, répondit sans bouger : « Oui, je sais, c’est horrible. Ils ont des goûts de merde. Tu sais, ils sont amis avec moi, mais je ne suis pas vraiment amie avec eux. Tu comprends ? ». Sa voix se perdait en murmures alcoolisés quand d’un coup, elle se redressa, rejeta ses cheveux en arrière, et fixant Raphaël avec de grands yeux ronds, déclara « J’ai des disques dans ma mobylette ! J’ai mes disques dans la sacoche de ma mobylette ! ». En moins de deux minutes, elle était allée les chercher pendant que Raphaël protégeait le salon des assauts des autres invités en se montrant le plus rasoir possible. Une fille blonde passa, voulut lui parler, et il se contenta de la dévisager avec le regard le plus amoureux possible, plein d’admiration et de désir, ce qui la fit fuir avant même que Camille ne revienne. Elle ferma derrière elle le plus de portes et de fenêtres possibles, puis remplaça le disque qui tournait en rond et en sourdine depuis des heures par « Substance », de Joy Division. Elle sauta rapidement les pistes en secouant la tête jusqu’à arriver à « No Love Lost ». Devant Raphaël, allongé sur le canapé, elle dansa, sur elle-même, touchant ses vêtements, ses cheveux, en décalage avec la musique, sans aucune pudeur, sans aucune honte, lui arracha la bouteille des mains, but au goulot la vodka qui lui dégoulinait le long du cou, lui attrapa la main et l’entraîna avec elle sur la piste, un tapis blanc brodé de cyan, fabriqué à la main par des femmes en Tunisie, où ils s’activèrent tous les deux des heures durant, où ils secouèrent la tête de droite à gauche, de gauche à droite, jamais de bas en haut ni de haut en bas, se serrant l’un contre l’autre, se rejetant, mimant des faux coups, des fausses baffes, puis ils dansèrent debout sur la canapé et la bouteille de vodka eut des sœurs jusqu’à ce que la famille ne s’épuise, toujours en écoutant No Love Lost en boucle, si bien que pour toujours cette chanson évoquera les même sentiments, les mêmes souvenirs d’eux, sur fond de gueule de bois.
Raphaël fut réveillé par les bruits de son propre ventre qui grommelait lentement, épelant des longues phrases amères qui lui donnaient la nausée. Il était toujours sur le canapé du salon, Camille n’était pas là, il n’y avait personne d’autre que lui. Rien que la vision des bouteilles vides au sol suffisait à le rendre encore plus malade qu’il ne l’était. La plupart des portes étaient à nouveau ouvertes, cherchant Camille, il en profita pour visiter la maison à tâtons, devant l’escalier, il se résolut à rester en bas, dans le couloir principal, il ouvrit plusieurs portes, la salle de bain, une chambre, un bureau, et les toilettes. Il y entra, et au bout de dix minutes, penché au dessus de la cuvette, il finit par vomir, ce qui ne le soulagea pas vraiment, contrairement à ce qu’il aurait cru. Il attendit encore cinq minutes en position fœtale de la bave reliant sa bouche au carrelage froid et sale. Il se leva et sortit des toilettes, où il n’avait même pas pris la peine d’allumer la lumière, et se dirigea vers la dernière porte qu’il n’avait pas encore essayé. Il entendit des voix et se retrouva dans la cuisine, qui était depuis la veille le lieu de réunion principal. Autour de la table, Camille était assise et parlait à une assemblée d’inconnus. Elle répondait sèchement à une question que Raphaël n’avait pas entendue : « Parce qu’il y a de la musique, des gens normaux. C’est tellement mieux que la vie ».
Quelques minutes plus tard, Raphaël et Camille enfourchèrent la mobylette rouge peu avant que le soleil ne pointe aux confins du ciel. Leur malaise disparut avec le vent qui les caressait et bombait la chemise blanche de Raphaël, tandis que ses cheveux et son veston, pendu par dessus son épaule, étaient soulevés avec vigueur. Ils ne roulèrent pas longtemps et la mobylette s’arrêta au pied d’un minuscule chemin aux alentours du zoo. « A quoi je ressemble ? » demanda Camille. « A un tableau cubiste, répondit Raphaël ». Il l’avait dit en préambule, avant de vraiment la regarder, s’approcher d’elle, toucher son visage avec ses doigts. Il commenta « Les miroirs sont imparfaits. Chaque miroir reflète une autre version de toi même, aucune n’est la vraie, aucune n’est entière. Ferme les yeux, et découvre-toi avec les mains. ». Il prit celles de Camille dans les siennes, les posa sur le visage de la jeune fille et quatre à quatre, ils parcoururent les formes, les bosses et les creux, leurs yeux fermés, puis, à quelques millimètres l’un de l’autre, souffle contre souffle, ils passèrent au visage de Raphaël et commencèrent un chassé –croisé incessant, ici un nez, ici un carré de peau plus grasse, là une cicatrice, là le début de cheveux, une lèvre, juste une, l’odeur et la texture du rouge à lèvre, des poils de barbes qui pointent, le lobe mou d’une oreille. En empruntant ce chemin qui montait légèrement, il fallait se baisser, enjamber le passage d’une colonie de fourmis, éviter de trébucher, de glisser dans les ronces. Cinq minutes plus tard, ils arrivaient au bout, sur un petit espace dégagé orné d’un simple banc et de la statut d’une Madone, son regard tourné vers la vue sur le zoo qu’offrait le promontoire . L’espace devant la statue était à peine assez grand pour y tenir à deux, et au pied de la Madone étaient posés des pots de fleurs, des bouquets, des bougies et une photographie de Jean Cocteau en noir et blanc, comme découpée d’un livre et mise dans un cadre. Raphaël crut reconnaître la couverture du « Tour du monde en 80 jours (mon premier voyage) ».
« Je viens ici très souvent, déclara Camille.
- C’est toi qui a déposé la photo de Cocteau ? demanda Raphaël
- Bien sûr. J’y dépose plein de choses. Des livres, des disques, des images. La dernière fois, j’y avais mis « Détours » de René Crevel, mais apparemment, il a disparu. Ça arrive souvent.
- Qui peut les prendre ?
- Je n’en sais rien. Ce n’est peut-être que la pluie et le vent. Ce chemin n’est pas très connu.»
De curieuse manière, Raphaël fut pris d’une très forte haine pour celui ou celle qui prenait ces objets, haine nourrie par la jalousie plus que par la colère, la jalousie qu’il ressentait pour la première fois en pensant que bien avant qu’il ne connaisse Camille et toutes ses petites manies délicieuses, quelqu’un d’autre le savait, quelqu’un d’autre avait été transformé par Camille, quelqu’un d’autre touchait à sa magie, son âme, son corps. Il aurait voulu pouvoir tuer cette personne. Il aurait voulu rester sur ce promontoire des jours durant, jusqu’à ce que le voleur ne se découvre.
« - J’espère simplement que la Madone a eu le temps de le lire. Des fois, je me dis que c’est elle qui prend les objets. Et que si elle en laisse certains, c’est parce qu’elle ne les aime pas. Mais si c’est vraiment elle, elle me les rendra un jour. »
Ils restèrent devant la statue de longues minutes, l’un contre l’autre appuyés sur la balustrade qui donnait sur le zoo. Plus en bas, dans leur fosse, les loups s’éveillaient lentement., tous étendus les uns à côté des autres, sauf un, à l’écart, dans un coin, entrain de lécher une plaie sur sa patte. Raphaël observa Camille, sa moue triste alors qu’elle caressait des yeux le loup solitaire. Soudain, il se leva et se rapprocha du reste de la meute. Le voyant arriver, le chef, un loup blanc, se leva à son tour et sans se déplacer, hérissa son poil et montra les dents qui ornaient sa gueule agressive. Passant devant lui, le loup solitaire s’aplatit le plus possible sans oser le regarder. Le chef le laissa passer sans rien lui pardonner. Il vint se coucher avec les autres loups, le plus loin possible du chef, et avant de s’étendre, il s’arrêta devant le museau de chacun des loups, approchant sa patte blessée, la tendant comme un mourant pour qu’ils la lèchent et la cicatrisent. Chacun leur tour les loups l’ignorèrent, feignant de ne pas le voir, de ne pas remarquer cette patte tendue, cette tache rouge sur les poils, trop irréelle pour être le sang d’un animal ignorant, effrayé et soumis.
« - Ils sont humains, n’est-ce pas ? demanda Camille
-Oui, ils le sont, répondit Raphaël. Au moins autant que des vénitiens le soir de carnaval. »
Il mit longtemps avant de voir l’inscription au pied de la Madone, gravée sur une plaque cabossée dont les lettres commençaient à s’effacer depuis les décennies : « Réciter un Ave ou un Pater en regardant la Madone : 50 jours d’absolution ». Comme Camille se taisait et regardait la Madone, il attendit jusqu’à ce qu’elle tourne ses yeux à nouveau vers lui.
« -Tu as prié ? lui demanda-t-il
- Si on veut, glissa-t-elle en un sourire.
- Tu es croyante ?
- Non pas du tout. Je ne crois pas en la Madone, ni en Dieu, ni en aucune religion. Par contre, je crois en cette statue. J’y crois dur et fort. Elle me donne l’absolution pour mes péchés. Alors on ne peut pas dire que je prie. Je lui parle, c’est tout. Elle ne me répond jamais, note bien.
- Tes péchés. Toi, tu es une pécheresse ?
- Oui.
- Quoi comme ?
- Je mens. Je désire. Je vis. Je t’aime. Ce sont d’assez gros péchés, mais grâce à la statut, je suis pardonné.
- Je mens aussi. Je désire, je vis et je t’aime. Donc je devrai aussi la prier.
- Je pense oui. Mais c’est toi qui voit. Il faut croire en la statut pour qu’elle t’écoute.
- Et l’absolution ? C’est 50 jours à partir du moment où tu prie, ou ça concerne les 50 jours que tu viens de vivre.
- Je n’en sais rien. Il faudrait consulter la Bible. Ou se mettre d’accord entre nous, parce que de toute façon, c’est cette statut que nous prions, pas la Bible, ni Dieu.
- Alors c’est pour les 50 derniers jours. Parce que je t’aime depuis le premier jour où je t’ai vu. Depuis que tu es apparue à l’usine, au milieu de ces robots qui construisent des voitures. Je t’aime depuis ce moment-là, et si c’est un péché, il me faut l’absolution ou bien je vais le payer un jour. »



Face B
C’est l’histoire simple d’un garçon et d’une fille. Ils ne se connaissent pas, se trouvent au même endroit, au même moment, et n’ont aucune raison de se revoir un jour. L’histoire se passe dans une usine de voitures, là où en guise de fond sonore, il n’y a que des souffleurs, des mécaniques graissées et de la tôle froissée. Des bruits de torture atténués par les casques que portent les visiteurs, une simple précaution pour ne pas les effrayer. Dans cette sonorité d’enfer règne un calme blanc, paradisiaque. Tout y serein, l’ordre règne du sol au plafond. Jamais le désordre ne pourrait avoir le dessus, l’entropie y perdra encore et encore. Le garçon se demande ce qu’il adviendrait s’il se jetait par-dessus la rambarde. Combien de microsecondes faudrait-il pour que le calme revienne ?
Le guide a beau parler, en tête de cortège, les lèvres posées sur le micro pour que les visiteurs l’entendent bien dans leurs casques récepteurs, il ne peut briser cette harmonie funèbre. Il ne parle pas assez fort. Ses efforts ressemblent aux battements d’ailes d’un papillon opposé à l’échelle de la fureur des sons que produit la terre dans son entier. La fille le sait bien, elle qui se déplace toujours près de lui pour mieux pouvoir l’interroger et lui poser des questions sur le processus, sur la façon dont les machines travaillent. Elle apprend à ses dépends que rien n’arrive à arrêter la course folle des sons. Dans l’usine désormais près de 75% des taches sont effectuées par ou avec des machines. Toujours, les robots et les hommes sont en interaction, que ce soit les robots qui secondent les hommes, pour soutenir un bloc moteur pendant que l’ouvrier oriente l’implantation, ou à l’inverse, quand des techniciens surveillent les mouvements des robots et se tiennent prêts à les réparer, à les réconforter. Il faut voir les danses étranges entre ces robots réduits à de simples bras et les hommes qui suivent leurs mouvements pour comprendre que les usines sont devenues des lieux d’amitiés contre-nature et de camaraderie honteuse. Il faut voir ça pour comprendre que les hommes n’osent pas parler de leurs nouveaux amis à leur famille quand ils rentrent chez eux le soir. On les prendrait pour des fous.
Le garçon et la fille verront trois usines différentes, sans ordre chronologique, si bien qu’ils surprendront successivement des fragments de vie mécanique, de la voiture en bout de ligne à son squelette dénudé en passant par les matières premières.
Tout d’abord, ils pénètrent dans l’usine de Montage. Devant eux, des centaines de véhicules en ligne, de plus en plus finalisés, caressées par des hommes, jeunes pour la plupart, en t-shirts jaunes et bleus. Certains hommes observent la fille, regardent ses vêtements, ses doigts pieds qui dépassent de ses chaussures.
Le garçon s’associe à ses hommes-là, sans le vouloir, et dès que ses yeux croisent ceux d’un autre, fixés sur la fille, il arrête immédiatement de la regarder pour se concentrer sur autre chose, n’importe quoi, le flux des palettes, les traces de gommes de pneus au sol, les lignes jaunes et vertes qui délimitent le passage du groupe de visiteurs.
La fille pose des questions au guide uniquement pour faire diversion, car elle aussi à vu le regard des hommes. Elle lui demande n’importe quoi, la moindre pensée qui lui traverse l’esprit et qui peut avoir un certain rapport avec les lieux qu’ils visitent.
Ils passent dans l’usine suivante, l’Emboutissage, et là l’atmosphère est toute différente. Des cris secs semblent s’échapper d’énormes machines carrées et oranges à l’intérieur desquelles se passe quelque chose d’invisible. De loin comme de près, ses machines ressemblent à des avions ou à des vaisseaux spatiaux, lourdes, grandes, solides, sur un de leur côté sont disposés des hublots qui permettent de voir ce qui se passe à l’intérieur. Sur les conseils du guide, la plupart des visiteurs se précipitent devant la promesse de spectacle que réservent les hublots. Des strapontins ont même été prévus pour que les plus petits puissent aussi voir à travers ces petites fenêtres, un peu hautes il est vrai, à travers desquels ne ressort aucune lumière si ce n’est quelques lueurs vertes et noires semblables au fond de la mer. La fille et le garçon eux, bien que séparés, restent à l’arrière. La fille semble noter sporadiquement des mots sur un carnet d’environ dix centimètres de hauteur, profitant des observations attentives des visiteurs pour gribouiller d’avantage sans être vue. Après tous le monde le garçon se décide à monter sur un strapontin. A l’intérieur des machines oranges, un bout de tôle est disposé sur un tapis roulant et quand il arrive à la hauteur d’une sorte de cheminé, il s’arrête. Là, un bruit sourd retentit d’abord, puis en moins d’une seconde une presse s’effondre sur la tôle qui crisse, grince, et se déforme d’après le modèle du moule, ce qui produit des cris terrifiants et courts qui s’élancent depuis les quatre coins de l’usine pour finalement mourir étouffés par le toit gris et nervuré. Des lueurs dignes d’une mer sombre dominent pendant le défilement des morceaux de tôles et puis au moment où la presse tombe, le hublot où se trouve le garçon devient complètement noir, transformant l’espace d’un instant la fenêtre en miroir. Là, il voit son propre visage et derrière lui, en retrait sur sa gauche dans le reflet, sur sa droite dans la réalité, il voit la fille, à nouveau. Il ne voit que son visage, concentré, les yeux ailleurs. Il ne voit personne d’autre, et pourtant, il y a d’autres visiteurs. Il la voit elle comme si la machine essayait de lui dire quelque chose, de lui faire passer un message. Il se demande pourquoi les concepteurs ont mis des hublots sur la machine. Pourquoi prévoir si bien la possibilité pour des visiteurs d’observer la marche intérieure de ces étranges machines ? Ce ne peut être qu’un hasard, un hasard dicté par le destin, et si l’on y réfléchit plus longtemps on se rend compte qu’avec le destin, il n’y a pas de hasard et qu’avec le hasard, il n’y a pas de destin. Alors quoi ? Alors la fille et le garçon, juste le temps qu’une plaque de tôle hurle et se déforme, se sont vus sans se regarder. Ce n’est pas une rencontre, ils n’ont jamais entendu le son de leurs voix, ils ne se sont jamais touchés, serrés la main ou embrassés, ils ignorent tout de leurs manies respectives, du visage qu’ils ont au réveil, des histoires d’amour de leurs parents, de ce qui les a fait naître et devenir frères et sœurs au milieu du processus de création d’une voiture. La plaque de tôle ainsi formée continue son chemin sur le tapis roulant et contient en elle le souvenir de l’image reflétée par le hublot. Il est dit que plus tard, après que cette même plaque fut collée sur une voiture, il suffisait de se pencher et de bien observer la carrosserie parfaitement lavée pour distinguer, sans erreur possible, le garçon et la fille figés ensemble.
La visite se poursuit par l’usine de Ferrage. Les opérations y sont toutes sans exception effectuées par des robots, gigantesques bras armés qui bougent d’eux même et soudent les différents éléments du châssis. Dans l’usine, à chaque instant des milliers de petites étincelles surgissent de tous les côtés, s’éteignant dans l’air pour mieux laisser une odeur discrète de surchauffe. Les visiteurs sont effrayés par la pluie d’étincelles qui leur tombe dessus. Le garçon et la fille sont fascinés par les mouvements étudiés des robots, dont l’architecture d’acier et les câbles électriques sont dissimulés sous des housses de plastique jaune qui se plient avec leurs mouvements et donnent l’impression de les voir munis d’une peau humaine qui peut frissonner et se tendre. Les murs et le sol de l’usine sont entièrement blancs, tout comme les rares présences humaines, techniciens en blouse blanche qui accourent parfois en cas de panne ou de dysfonctionnement des robots. Ils s’attellent aux consoles électroniques, entrent dans les enclos grillagés et empoignent la peau des robots pour essayer de saisir leur pouls. Quand le robot réparé reprend son travail, un sourire discret s’inscrit sur le visage des techniciens, vite effacé quand ils s’aperçoivent que les visiteurs les observent
La visite se termine ainsi, les visiteurs sortent en file par une porte de secours, ils descendent un escalier rond exposé à l’air frais, et le garçon est le dernier à sortir, il attend même que l’homme qui le précède soit dehors pour mieux se retourner, observer les robots et essayer de surprendre ce qu’ils font vraiment quand ils se croient seuls. En se conduisant ainsi, le garçon manque la fille qui, sortit la première, essaie en vain de le retrouver parmi le groupe des visiteurs, avant de monter dans le bus qui l’emportera chez elle.
 
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Roman Rock ou l'histoire d'un groupe inconnu vu par les yeux d'un fou, inspiré par The Libertines, Pete Doherty, le jazz new orleans et tout un tas de trucs.



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